[formidable id=8]
30 places maximum | Salle du conseil municipal
Corps parlant, corps souffrant, corps messager, corps symptôme, corps territoire, massages, tatouages, scarifications, piercings, vêtures.
Le corps est traversé par la culture, il nous donne à voir du réel. Comment recevons-nous les expressions du corps ? Comment écoute- t-on ce corps parlant, sa douleur, sa plainte qui résiste parfois à trouver une voie/voix ? Nous nous interrogerons aussi sur le fait d’être un corps et d’avoir un corps.
1-Joris Cathel YIMGA NGAMBIA, psychologue clinicien, université de Yaoundé1, Cameroun
“Signification du corps et mentalisation des adolescentes abusées sexuellement,”
Mots clés: corps, mentalisation, adolescent, abus sexuel
La psychologie clinique a pour but l’étude la plus exhaustive possible des processus psychiques d’un individu dans la totalité de sa situation et dans son évolution. Dans nos pratiques sur le terrain dans certaines régions du Cameroun, cette étude des processus psychiques se fait par écoute et par la maitrise des éléments transférentiels et contre-transférentiels afin d’analyser le fonctionnement psychique profond de l’individu n’accordant pas plus d’importance au corps mais plutôt aux « verbatins » du sujet. Or, le corps dans les cultures Africaines représente quelque chose de fondamental. Le corps, c’est la partie matérielle d’un sujet du point de vue de son fonctionnement interne étant « vivant », « animé » et, après sa mort étant « cadavre ». Dans nos différentes langues Africaines le corps se nomme d’une certaine manière. En « fulfulde », le corps se nomme « bandù » et il revêt des significations culturelles : « il est sacré » et de façon « mystique » on peut « l’atteindre » ou le « protéger ». De là, émergent de nombreuses questions sur la fonction du corps dans le processus de mentalisation. C’est dans cette optique que, cette étude vise la compréhension de l’atteinte du corps d’une part et d’autre part, de sa fonction dans le processus de mentalisation des adolescentes abusées sexuellement. Pour y arriver, nous avons fait appel à la méthode clinique fondamentalement qualitative et les données ont été collectées par l’entremise des entretiens semi-directifs auprès de nos participantes. Les données ainsi collectées ont fait l’objet d’une analyse de contenu et les résultats obtenus montrent que le corps atteint mystiquement revêt des pathologies psychologiques de la personnalité avec ses dimensions intellectuelles et affectives (sur le plan affectif : honte, souillure, peur, angoisse anxiété ; sur le plan cognitif : pensées intrusives relatives à la sorcellerie et sur le plan comportemental : évitement des personnes et le pessimisme) ce qui crée un dilemme dans la relation du sujet avec ses composantes. En ce qui concerne l’élaboration psychique de ces affects, les résultats montrent que le corps de ces adolescentes joue une fonction particulière dans le traitement. Le traitement du « corps » et sur le « corps » par « scarifications » (blindages), « rites » protège l’organisation de sa personnalité à travers ses barrières corporelles. D’un autre côté, l’étayage se positionne comme le processus primordial. Il s’agit notamment de l’étayage sur soi-même et sur le groupe (la famille). À côté de cela, la mise en place des mécanismes de défenses tels que l’évitement, l’humour etc. Associés aux stratégies d’adaptation centrées sur l’émotion et sur la recherche du soutien participent également à l’élaboration des affects en lien aux abus sexuels et sous-tendent dans ce sens, les capacités de mentalisation de ces dernières.
2- équipe TRIVIA, Corinne ZONGO-WABLE, anthropologue, Summeyya ONAT, psychologue, Creil, Paris
« La relation mère-enfant dans la traversée. Exemple de Thésy et Maélo Royal, de la RDC à la forêt polonaise. »court-métrage en vidéo dessinée,
Mots clés: marcher, le retour impossible, la naissance d’un enfant royal, devenir une « grande dame » ou les grandes ambitions perdues, rompre l’isolement
Nous proposons la diffusion d’un court-métrage de 5mn réalisé en vidéo dessinée. Il raconte la traversée de Daisy partie de RDC vers la Biélorussie jusqu’à sa fuite en Pologne. Enceinte de cinq mois, elle marche jour et nuit dans la forêt polonaise pour échapper aux contrôles. Arrivée en France, elle accouche d’un enfant nommé Angelo Royal.
A partir du court-métrage nous aborderons le détail de son parcours, la notion de temporalité de la traversée et de son inscription dans le corps d’une femme enceinte, les conséquences sur le maternage et le lien mère-enfant, le renoncement aux rêves d’avant l’exil, la necessaire recomposition psychique.
3- Association Limbo, Stéphanie Dupagne art-thérapeute, Elsa Antoine, coordinatrice des ateliers, Paris.
“Art-thérapie, un élan du corps, un élan de vie”. Fondée en 2016, l’association Limbo a mis en place des séjours, Leur but? Réparer le traumatisme. Par la pratique de l’art-thérapie…Au cours d’ Ateliers, les jeunes migrants travaillent avec la musique, le dessin, la danse ou le théâtre.
4- Alice BASSET, psychologue CIDFF, Nice.
Dé-corporéiser le traumatisme : enjeux d’une expérience de médiation de masque auprès de femmes victimes de violences »
Mots clés : Traumatisme – masque – médiation – violences – transfert
Cette présentation a pour objectif d’évoquer les effets cliniques découlant d’un atelier de médiation par le masque auprès de femmes victimes de violences. Il s’agira d’expliquer en quoi le recours à la création plastique puis scénique semble avoir permis à plusieurs participantes de visibiliser l’impact traumatique avant de dé-corporéiser les violences subies grâce à l’investissement transférentiel de l’objet masque sur la scène thérapeutique. Nous évoquerons une vignette clinique qui nous permettra de repérer et de distinguer trois temps mobilisés par cette médiation dont les enjeux thérapeutiques reposent, nous en faisons l’hypothèse, en grande partie autour de l’instant du « démasquage ». Par cette appellation nous désignons le moment concret ou le masque est retiré à l’issue de l’improvisation scénique, laissant apparaître un visage nu, ouvert et dépouillé de ses masques sociaux. Dans ce battement de masque, deux voies existent afin que le Moi, suspendu le temps du jeu, puisse être « réintégrer » : celle de la dé-sidération ou celle du refoulement. Nous développerons les enjeux théorico-cliniques de cette traversée par lequel le masque (ré)affirme l’existence d’une cachette subjective, en même temps qu’il projette l’ombre d’un indicible en soi.