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Les mythes, les légendes, les histoires sont les fondements pour construire et soutenir un récit subjectif. Les récits collectifs amènent un ancrage dans notre culture et tout un système de repères et de codes.
Nous nous arrêterons sur les différentes formes de transmission – orales / écrites, conscientes / inconscientes.
1- Bleuenn LABBE, psychologue clinicienne, Brest , Michel LABBE, peintre
« la ville d’Ys », représentation picturale d’une répression culturelle : image métaphorisante en consultation transculturelle”
Mots clés: légendes celtiques, transmission, représentation picturale, répression culturelle, image métaphorisante)
La « Ville d’Ys » est une légende emblématique de la culture celtique. Sa transmission – orale et écrite – a participé à la représentation picturale de ce récit collectif et subjectif. La fonction figurative de cette cité légendaire permet de symboliser et introjecter un passé traumatique. Les nombreuses interprétations psychanalytiques, font de cette légende le refoulement de la culture celtique au profit du christianisme. Cette histoire, a profondément marqué la culture bretonne et a été transmise, consciemment comme inconsciemment, d’une génération à l’autre. Lorsque des mouvements d’acculturation, de domination ou d’assimilation culturelle apparaissent, ils sont souvent associés à des phénomènes de répression identitaire. Cette répression est également d’actualité dans d’autres contextes historiques, politiques et géographiques et a des effets spécifiques sur les enfants et adolescents grandissant en France et dont les parents sont venus de l’étranger. La légende d’Ys est une image métaphorisante, utilisée par une co-thérapeute bretonne, en consultation transculturelle à Paris. C’est un processus de pensée qui permet aux patients l’association libre et la symbolisation par l’ouverture à un imaginaire.
2-Collectif Port RacineS, Delphine Delamare, travailleure sociale et co-intervenante
“passages, amarres et liens”
Mots clés:accueil, médiation, dispositif d’accompagnement, exil, veille psychologique
Vivre l’exil confronte à l’isolement social et culturel. En miroir, accompagner les personnes migrantes expose à se retrouver seul.e face à des mondes inconnus. Comment ouvrir des passages entre ces deux dimensions ? Comment accompagner les uns et les autres dans ce cheminement ? Les intentions de Port Racines sont d’agir dans cet entre-deux, cet inter, et d’ouvrir des voies. Construire et proposer des lieux – temps, des « entres » pour aider à poursuivre la traversée vers l’autre, des « inter culturels » entre la vie d’exil et le monde d’accueil, entre l’accueilli et l’accompagnant, des temps d’ouverture à l’autre, échange de pas, de mots, de monde, de savoirs. Nous avons enraciné nos propositions en observant notre territoire d’intervention pour s’appuyer sur l’existant et venir le compléter. Après un an et demi de réflexion, nous avons dégagé 4 axes d’action qui correspondent aux problématiques et aux besoins repérés des exilé.e.s et des professionnel.le.s que nous rencontrons. Notre volonté est plurielle, tout d’abord permettre aux personnes venues d’ailleurs de découvrir leur nouvelle région, qu’ils n’ont pas toujours la possibilité d’explorer par leurs propres moyens, mais aussi favoriser une mise en mouvement en douceur à travers la marche et la parole. Nous souhaitons soutenir la sortie de l’isolement, favoriser la rencontre inter et transculturelle en ouvrant des espaces de paroles, d’échanges et de réflexions. Nos actions sont pensées comme la mise en place d’une veille à la souffrance psychologique, un espace de médiation avec les exilé.e.s, les professionnel.le.s et les bénévoles. Nos interventions se déclinent en 4 dispositifs dont 3 ont déjà débutés: ● Balades en Cotentin ● Café Palabres ● Groupe d’Échanges Thématiques interprofessionnel.le.s ● Médiations / Consultations à visée transculturelle (dans l’avenir
3-Fabienne Thouault, De la chaufferette de mémé aux objets qui « racontent »… Catalogue d’ histoires transculturelles et transgénérationnelles.
Chez ma grand-mère j’ai toujours vu une chaufferette en bois, Dans ma famille on l’appelait le « petou » . Entre le tiroir et le marchepied, percé de trous, il nous servait à nous asseoir près de la cheminée. Je n’ai appris que plus tard son utilité première, son histoire d’avant moi, qui était de récupérer des braises pour se réchauffer les pieds. De cette histoire partagée aux élèves de mon école, est né un projet : réaliser un catalogue d’objets qui raconteraient un peu de leur histoire ainsi que celle de leur famille. Une centaine d’élèves sont embarqués dans cette aventure. De la spontanéité des uns, qui « savent » immédiatement ce qu’ils vont présenter, au stress des autres qui ne savent pas ce qu’il « faut » apporter, jusqu’à la résistance des derniers « qui n’ont rien » chez eux, il faut gérer les émotions que procure cette demande… livrer quelque chose de soi, de sa culture. Il y aura des clichés de mariage, comme celui de Sacha, une photo de ses arrière grands parents, dont il ne sait pas grand-chose, juste qu’elle viendrait de Sicile ,c’est tout. Sa maman, confirmera, elle aussi en sait peu de choses . Elle a rompu les liens sa famille qui pourrait expliquer. Pourtant , après cet échange Sacha m’informe que sa mère a envoyé un mail… pour savoir. Alors Sacha pourra découvrir et nous raconter l’histoire de sa famille Sicilienne, son voyage migratoire, de la Tunisie,à l’Algérie avant de s’installer en France. Il mêlera, avec un plaisir certain, la petite et la grande histoire, en intégrant sa diaspora familiale aux grands mouvements migratoires . Il y aura des objets cultuels, transmis parfois par les générations précédentes, des objets culturels, de cuisine ou de soins, instruments de musique, costumes ou bijoux. Kadi et sa maman écriront l’histoire de ce bracelet en argent qui fait le poids de la première coupe de cheveux des enfants selon la tradition, tandis que de Sara, décrira le « tazolt » de sa maman flacon de maquillage , transmis par sa mamie pour son mariage . Certains choisiront des objets personnels liés à des grandes occasions de la vie comme le caftan offert à la maman d’ Israe le jour de son accouchement . D’autres parlent de personnes ou de moments importants, le bracelet de naissance de Noura, jour « lumineux » où la famille a aussi obtenu un permis de séjour en France.Il y aura aussi les objets rêvés ou fantasmés, ceux pour lesquels je chercherai une image sur le net. Ce dragon en verre vert qui vient du Cambodge, pays où il fait chaud et où Baptiste n’est jamais allé. Pourtant ce dragon , il était à son papa…. Il a toujours été à la maison… ou bien, peut être que « c’est dans un rêve. » ….Cent quatre objets pour nous raconter autant d’histoires. Chacun pour créer un récit au sein de la famille, tisser des liens entre là bas et ici, entre soi et son passé. Cent quatre récits pour autant de voyages transculturels et transgénérationnels.
4- Ségolène Meyssonnier, psychologue clinicienne, CHU de La Réunion….
“Le servis Kabaré à l’ile de la Réunion, de sa migration à sa créolisation : une pratique endémique comme levier thérapeutique ? “
Mots clés : rituels, ancêtres malgaches, religion populaire, transe, possession, magico-religieux, anthropologie
Le Servis Kabaré est un culte populaire dédié aux ancêtres d’origines afro-malgaches. Il est associé à des festivités familiales, à des rites de commensalité et à des phénomènes de transe possession.
L’objectif de ce travail est de montrer en quoi ce rituel, qui convoque des entités invisibles, participe à l’harmonisation des liens familiaux. C’est à travers une revue de la littérature, une étude phénoménographique des rituels, et une attention particulière portée aux récits narratifs des pratiquants que notre travail s’est construit.
Cette conception émique, telle que nous la propose O. De Sardan (1998), nous a permis de mener une analyse phénoménologique interprétative (Smith, 2021) de cette pratique culturelle endémique.
Nous avons tenté de comprendre en quoi cette pratique singulière du culte des ancêtres permet aux invisibles de rencontrer le monde visible; et comment le Servis Kabaré remplit une fonction thérapeutico-religieuse.
Le Servis Kabaré tel qu’il est pratiqué à la Réunion aujourd’hui est basé sur un pseudo-syncrétisme (Dumas-Champion, 2008). Cette pratique, qui s’est créolisée, entraine une recomposition des rituels du Servis Kabaré à travers des logiques de rencontres dans une société créole réunionnaise qui obéit à l’incertitude du mariage des cultures. Ces cérémonies permettent une ré-appropriation des bases de la religion malgache traditionnelle par les réunionnais originaires de Madagascar. Nos résultats montrent que ces rituels sont encore de nos jours une aide précieuse à la résolution des problèmes familiaux et domestiques pour ces croyants.