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Au crépuscule, lorsque le jour laisse place à la nuit, un nouveau monde s’éveille, celui des rêves, mais aussi des cauchemars ou encore des angoisses. Il s’agit là d’un temps de séparation entre le temps de l’activité et celui du lâcher prise et du sommeil. Les berceuses, les chants, les histoires nous accompagnent pour entrer dans la nuit.
Quelles sont les inventions et les mécanismes psychiques en jeu dans ces moments d’entre deux aussi bien du côté des enfants, des adolescents que du côté des adultes ?
1- Charles DI, psychologue clinicien, docteur en psychopathologie, clinique transculturelle, université catholique de Lilles, Angers, université Paris 8, Paris Cité.
“La nuit, les figures culturelles du rêve traumatique”
Mots clés : culture, rêve, trauma, monde de la nuit
Lorsque la lumière diffuse qui suit le coucher du soleil diminue et que l’ombre de l’obscurité de la nuit s’épaissit, le monde angoissant des rêves traumatiques de nos patients s’éveille. Leurs nuits sont peuplées et envahies par des rêves pénibles récurrents dans lesquels le contenu et l’affect du rêve sont liés aux événements traumatiques vécus. Ces rêves font partie des états de stress post-traumatiques et correspondent à une forme de reviviscence traumatique. La psychanalyse a produit une théorie sur la nature et les fonctions du rêve, y compris des rêves traumatiques. Leur interprétation est un acte important des psychothérapies psychanalytiques et repose sur des processus psychiques considérés comme universels. Or l’anthropologie nous apprend que la signification des rêves varie d’une culture à une autre. Dès lors, comme le demande Michel Perrin, face aux patients de culture différente de la nôtre (psychanalytique) : est-il légitime d’interpréter en termes psychanalytiques un rêve codé par une culture qui lui accorde éventuellement un tout autre statut ? En effet, ailleurs on interprète, ailleurs on applique, ailleurs c’est une voie de communication avec les esprits, les ancêtres, etc. Avec cette diversité de représentations culturelles de ce qu’est un rêvait et de ce qu’on en fait, quelle serait la pertinence d’une interprétation qui n’intègrent pas les éléments culturels codants du rêve traumatique ? À partir de trois rêves d’un de nos patients, cette communication cherche à analyser les mécanismes psychiques en jeu. Elle veut montrer comment le contenu du rêve traumatique est traversé de part en part par la culture du rêveur. C’est ce que nous nommons : figures culturelles du rêve traumatique, à la suite des figures culturelles du traumatique. Nous cherchons à relever ici l’importance pour la clinique d’être à l’écoute des représentations culturelles qui sous-tendent ces récits de rêve, par-delà les processus psychodynamiques.
2- Laetitia Cuisinier-Calvino – Psychologue clinicienne CRCT (Consultation Ressource en Clinique Transculturelle) – CHU de NANTES
“Trauma extrême et altérité radicale : Une reine Bamiléké au royaume des blancs”
Mots clés : Bamiléké, altérité, contre transfert culturel, trauma extrême
A partir du matériel clinique de notre dispositif de groupe transculturel, nous explorerons les passages possibles, les passages empêchés, ceux à créer entre le monde des invisibles tel qu’il se vit pour Rosa, reine Bamiléké du Cameroun, et le monde des blancs où elle a cherché refuge.
Nous verrons quels passages le groupe transculturel se fraie pour tenter de se représenter le vécu et les représentations du monde de Rosa, entre visible et invisible, entre jouissance et emprise. Car le monde des invisibles se conjugue ici avec des violences répétées permettant une emprise psychique et corporelle de ceux qui détiennent un pouvoir quasi-absolu en royaume Bamiléké, pouvoir dont la Reine Rosa jouit elle-même. Comment se déprendre alors de la jouissance du pouvoir des invisibles inscrit dans le bain culturel Bamiléké et des défenses archaïques face au trauma complexe ?
Cette altérité radicale vient faire résonner fortement les contre-transferts culturels des co-thérapeutes entre sidération, peur, fascination et agacement… les plaçant aux risques des identifications projectives, du traumatisme vicariant et des débordements inconscients.
C’est là tout l’enjeu des passages cliniques que le groupe transculturel doit inventer pour permettre à Rosa de prendre place dans un nouveau royaume et trouver un possible apaisement dans ce nouveau monde aux contours si étrangers à la culture Bamiléké.
3- Marie-Renée STEINER, psychologue clinicienne, centre hospitalier de Novillars, Besançon,
“Femmes en exil et morts en errance, quel espace pour les rituels de deuil ?”
Mots clés : Deuil – Exil – Espace frontière – Rituels – Psychothérapie transculturelle
Elles s’appellent Najima, Fatoumata, Afiwa, Maïa et Leïla. Elles ont fait l’expérience d’une première séparation avec le parent resté au pays et emportent avec elles le lien intériorisé. Le parent est imaginé, représenté et vit dans l’espace psychique de l’exilée. A la mort de celui-ci, le sens de leur exil et celui de la mort est requestionné. Le lien intériorisé peut devenir un lien avec un mort “mal mort”.
En accueillant ce questionnement associé à la douleur de la perte, la consultation transculturelle se propose comme un espace frontière, espace transitionnel de création et d’inventivité qui accompagne ces femmes dans leur processus de deuil.
Nous verrons comment, en thérapie transculturelle :
Najima, porteuse de la malédiction, se sent coupable de la mort de son père
4-Yoram Mouchenik, Professeur émérite de psychologie clinique interculturelle, psychologue clinicien, anthropologue, consultations transculturelles en pédopsychiatrie, hôpitaux de Saint-Maurice et Albert Prévôt.
Une traversée du retour
Mots-clefs : Auschwitz-Birkenau, Association pour la Mémoire du Convoi 6, Lycéens, mémoire.
Sur la question des voyages, des passages et des traversées sur les lieux de génocide, le camp d’Auschwitz-Birkenau est un des plus emblématique.
A travers du film vidéo tourné lors de leur voyage à Auschwitz-Birkenau et la visite guidée du camp, nous suivrons un groupe composé de lycéens et de leurs enseignant, d’un survivant d’Auschwitz, d’ex-enfants cachés et d’autres descendants de déportés. Le voyage a été fédéré par l’Association pour la Mémoire du Convoi 6. Composée d’ex-enfants cachés, l’association s’est constitué à la mémoire de leur parents déportés par le même convoi ferrovière en juillet 1942 et assassinés à Auschwitz.
Il est difficile de qualifier les visites guidées dans les camps d’Auschwitz-Birkenau ; voyage, passage ou pèlerinage suivant les personnes et les groupes qui empruntent ces parcours. Pour les ex-enfants cachés, la question de la mémoire et de la transmission est centrale, le voyage en commun avec les lycéens fait partie de cette dynamique de lutte contre l’oubli.
La mémoire d’Auschwitz est souvent transmise par le biais de récits, d’images, d’archives et d’autres formes de représentation, mais le voyage dans l’espace physique du génocide laisse une empreinte profonde et durable.