2007
Histoires transculturelles
Marie-Rose MORO
(Paris : Odile Jacob ; 2007)
Extrait de l’avant-propos :
On dit aimer les enfants partout…
«Seulement, pour contourner l’oubli, j’ai choisi d’emprunter le pont de l’écriture plutôt que la passerelle de l’oralité. Et cela, mes ancêtres sauront me le pardonner.»
Zaaria, La Nuit est tombée sur Dakar.
«Immobiles, changer un petit peu de place.»
Supervielle.
On n’aime pas les enfants, on n’aime pas tous les enfants, même si, partout, on dit les aimer. On n’aime que certains enfants, les nôtres et ceux qui leur ressemblent ; les autres, ceux d’ailleurs, ceux qui sont différents, singuliers, vulnérables, au mieux, on voudrait qu’ils soient comme nos enfants ou comme l’idéal qu’on s’en fait.
Cette observation s’est imposée à moi, au détour de mes voyages et de mes rencontres, ici et ailleurs, mais aussi dans le travail quotidien avec les enfants et leurs parents. J’ai longtemps été passionnée, et je le suis plus que jamais, par les enfants de migrants, les enfants d’ici venus d’ailleurs, ces enfants sont des précurseurs, ils préfigurent le statut des enfants de demain. J’ai appris avec eux, avec leurs parents et les mondes qu’ils transportent, des leçons précieuses sur la multiplicité, sur la difficulté et la créativité de leurs différences, de leur modernité aussi. Sans même que j’en sois toujours consciente, ces enfants m’ont amenée à aller voir comment naissent et grandissent les enfants, ailleurs. Par ce double voyage, d’abord ici avec les enfants de migrants et ensuite par mes voyages de par le monde, j’ai appris à poser un regard éloigné, décentré, modifié sur les enfants d’ici et sur ceux qui les portent.
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